Le procès de Bobigny en 1972 constitue un moment charnière dans l’histoire des luttes sociales en France, et tout particulièrement dans l’histoire des luttes féministes. Au-delà d’une simple affaire juridique, ce procès incarne un basculement vers une ère où les voix longtemps étouffées osent réclamer justice et liberté. À travers le courage d’une jeune fille, Marie-Claire Chevalier, et l'engagement d'une avocate, Gisèle Halimi, c'est une page décisive qui s'est écrite dans la lutte pour le droit à l’avortement. Lors de ce procès, la question de l’intime est devenue politique ; j’ai donc voulu faire résonner la parole intime des personnages de ce procès avec la lutte pour le droit des femmes à disposer de leur corps.

Pour ce projet, j’ai choisi de travailler avec une vingtaine de jeunes comédiens. Leur fougue, leur énergie, et surtout leur regard encore frais sur les grandes questions politiques et humaines, font d’eux les interprètes idéaux pour ce texte qui parle de révolte, de solidarité et de courage. Ils viennent de sortir de l’École, sont au début de leur carrière, et à bien des égards, leur situation résonne avec celle des femmes de Bobigny, qui étaient elles aussi au début de leurs vies d’adultes, en lutte pour leurs droits.

Au-delà de la question du droit à l'avortement, ce procès interroge des thématiques universelles : la place des femmes dans la société, le contrôle de leur corps, la question de l’oppression et de la résistance. En faisant dialoguer l’histoire et le présent, ce spectacle entend rappeler que la lutte pour les droits n'est jamais finie, et que chaque génération doit prendre en main la défense de ses libertés.

Ce projet n'est pas un simple exercice de style pour ces jeunes comédiens. Il s'agit d'une véritable prise de parole artistique et citoyenne, qui, je l'espère, résonnera non seulement avec le public, mais aussi avec la conscience collective. Il s'agit d'un hommage aux femmes de Bobigny, mais aussi d'un appel à continuer de se battre pour un monde plus juste.

Novembre 2024.